Le présentéisme trouve porte close

C’est une organisation du travail très en phase avec les besoins contemporains de notre société qu’a adoptée Anne-Sophie Panséri, dirigeante de Maviflex. Dans son entreprise, en effet, de nombreuses mesures permettent de lutter contre le présentéisme. Au final, rentabilité et qualité de vie au travail sont au rendez-vous.

MAVIFLEX
Secteur
industriel
Activité : fabrication de portes pour l’industrie
Effectifs : 114 salariés
Région : Rhône-Alpes

Maviflex, PME familiale fabriquant des portes automatiques pour l’industrie, sait refermer les siennes pour aider ses salariés à travailler dans des horaires conformes au code du travail.  Anne-Sophie Panséri a été nommée en 2000 à la tête de l’entreprise créée en 1956 par son grand-père (qui fut un dirigeant de Citroën puis de Berliet), développée par son père sur son créneau actuel en 1966 ; son frère en étant le directeur général. Elle est très consciente de cette nécessité. Elle a eu le déclic grâce au réseau des femmes chefs d’entreprise, dont elle est la déléguée régionale: « J’ai pris conscience de la responsabilité du dirigeant dans l’organisation du travail et du rôle qui pouvait être le mien dans l’équilibre de vie proposé aux salariés. Si ce n’est pas le dirigeant qui prend cette question en compte, cela ne peut pas fonctionner ».

Equilibre des temps professionnel et privé

Aussi, ayant pris la mesure des méfaits d’une impossible conciliation des temps professionnel et privé, source de pression et de stress « et qui n’est pas juste un problème de femmes mais bel et bien un enjeu d’entreprise », la présidente de Maviflex a pris des mesures concrètes pour que le travail ne déborde pas des limites légales. Notamment grâce à une disposition simple mais efficace : Maviflex ferme ses portes à 18 h 30. Outre cette fermeture le soir, les horaires de réunion sont fixés entre 9 h 30 et 17 heures. D’autres aménagements en matière de flexibilité sont proposés aux salariés. Objectifs : favoriser une présence normale au travail permettant d’équilibrer le temps professionnel et le temps privé et éviter ainsi l’absentéisme.

« Pour moi, le présentéisme est une notion positive si on la met bien en lien avec l’absentéisme. », analyse la présidente de Maviflex.

De fait, les portes de l’entreprise ferment à 18 h 30 et sa présidente, comme les autres salariés, quitte alors les lieux : « pour donner l’exemple, explique Anne-Sophie Panséri, même s’il est très fréquent que, en tant que dirigeante, je travaille ensuite chez moi ». « Concernant les salariés, poursuit-elle, 18 h 30 est un horaire tout à fait convenable.

Si nous constations qu’un salarié ne parvenait pas à organiser son travail dans ces horaires et qu’il ne pouvait pas partir à 18 h 30, c’est qu’il y aurait un problème à traiter avec le manager. »

Contrats parentaux

En complément de cette première mesure, Maviflex propose des contrats parentaux : de septembre à juin, durant l’année scolaire, un salarié peut s’absenter pour s’occuper d’un enfant, l’accompagner à une activité extrascolaire, par exemple, et récupérer ensuite ce temps (voir encadré ci-contre). Chaque année, sur cent quatorze salariés, quatre ou cinq signent un contrat de ce type, qu’ils pourront renouveler jusqu’à trois ans. « Il est intéressant de voir que les demandes sont majoritairement… masculines », souligne Anne-Sophie Panséri.

« Souplesse de l’imprévu »

Autre mesure de flexibilité, une « souplesse de l’imprévu » : « les salariés, quels qu’ils soient, peuvent s’absenter temporairement pour gérer un imprévu, au sens où cela n’était pas prévisible la veille, explique la présidente. Cela permet de faire face à un événement inattendu (amener un enfant chez un médecin, par exemple) sans avoir à prendre une journée et en dédramatisant les problèmes de récupération. C’est aussi, encore et toujours, un moyen efficace de lutter contre l’absentéisme de courte durée qui est parfois très handicapant et d’éviter des arrêts de travail coûteux ».

Car Anne-Sophie Panséri est une dirigeante pragmatique qui garde en tête les résultats de son entreprise pour maintenir son niveau d’emploi : « je crois que ces mesures sont bénéfiques aux salariés, donc à l’entre- prise, qui enregistre une rentabilité bien meilleure. C’est bon de le faire savoir : nous n’avons pas de turn-over, le taux d’absentéisme est très bas et l’entreprise est attractive… C’est tout l’intérêt de promouvoir la qualité de vie au travail et c’est un argument qui porte ses fruits auprès des autres dirigeants ».

Constamment réinventer

« Nous avons réalisé un gros travail avec les managers. Notamment pour les aider et les accompagner à décoder le mal-être. Les risques psychosociaux nous amènent à réfléchir autrement. Car la responsabilité du dirigeant est énorme et l’on peut vite arriver à la limite de l’exercice. Aussi, toutes ces mesures prises doivent être constamment réfléchies et améliorées avec eux, pour continuer à répondre aux besoins des salariés et de l’entreprise. Nous ne sommes pas figés dans nos règles, il faut constamment en réinventer. » C’est aussi cela organiser le travail.

Pour ce faire, l’entreprise a mis en place un groupe de réflexion, hors instances représentatives traditionnelles. « C’est un groupe qui peut réfléchir aux avancées sociales sans parti pris. C’est un électron libre, sans contraintes ni censure, mais force de proposition, insiste Anne-Marie Panséri. Je veux qu’il puisse nous proposer des solutions d’organisation. Par exemple,

un petit groupe d’assistantes vient de demander la mise en œuvre du télétravail occasionnel pour pouvoir, par exemple, avancer des dossiers en cas de contraintes les obligeant à rester chez elles. Nous allons donc y réfléchir ensemble. Cela permet de discuter du travail des uns et des autres car, sans ce dialogue, on se rend compte qu’il y a parfois plus de conflits internes qu’externes. Je suis convaincue que, dans une entreprise, ce sont les rapports humains qui priment et qui sont la clé de voûte de tout. »

baniere-L-7-jours-reussir-en-affaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *